Par Maitie dans Etre femme
13 mai 2014
« L’essence du Yang est Yin
L’essence de l’eau est le feu
L’énergie du feu est alimentée par l’eau
L’essence du mâle est femelle
L’essence du soleil est la lune
Le soleil obtient sa lumière de la lune
L’âme de la lune est dans le soleil »
(Extrait traduit du Tiger-Dragon Classic)
l’âme parle à la femme en sourdine pour qu’elle puisse se
recadrer et se recentrer sur son essentiel
Le cycle menstruel est un don extraordinaire de la nature
fait à la femme. En effet, c’est un outil idéal pour ressentir et faire
travailler à l’unisson ces 2 dynamiques en soi et autour de soi. Lorsqu’elles
ont été bien identifiées en amont, le cycle devient alors un merveilleux modèle
d’évolution, une boussole directionnelle et dimensionnelle.
Après une description des 4 phases du cycle, j’exposerai
comment on peut prioriser son aspect solaire (ce que certains appellent la
partie masculine et active de l’être) et son aspect lunaire (la partie féminine
et réceptive) selon les phases.
Les 4 saisons intérieures du cycle menstruel
La plupart des cycles naturels se révèlent par 4
manifestations universelles. Les 4 saisons correspondent à l’inclinaison de
l’axe des pôles combinée à la révolution de la terre autour du soleil au cours
de l’année. Les 4 orients, eux, sont créés par la rotation de la terre autour
de son propre axe et autour du soleil durant la journée.
Le soleil vu de la terre a une forme immuable. La forme de
la lune, elle, évolue constamment et se manifeste sous 4 phases bien distinctes
au cours d’une lunaison : nouvelle lune, lune croissante, pleine lune et lune
décroissante qui sont dues à la position de la lune par rapport au soleil. Les
phases lunaires sont d’ailleurs à l’origine de la longueur de la semaine et du
mois.
Ainsi, l’Astre-Roi crée-t-il les 4 directions et les 4
saisons et son interaction avec la Lune le temps sur Terre.
L’impact du Soleil et de la Lune
Ces deux astres ou luminaires leur paraissant être l’un
comme l’autre à la même distance de la Terre, les Anciens s’en servirent comme
marqueur, l’un pour le jour, l’autre pour la nuit.
La longueur du cycle menstruel est calquée sur le cycle
lunaire et les femmes étant constituées d’environ 15% de plus d’eau que les
hommes, elles sont par conséquence plus sensibles à la lune. Sans doute est-ce
pour ces deux raisons que la plupart des traditions ont identifié la femme à
l’astre de nuit et par symétrie, l’homme à l’astre du jour. Et la nuit est
destinée au monde du rêve, le jour au monde de l’action.
Les énergies lunaire et solaire étant non opposées, mais
complémentaires, j’ai trouvé intéressant de décrire le cycle menstruel, lunaire
par essence, en le divisant en 4 saisons, qui elles sont solaires par nature.
Les voici :
Le printemps intérieur
Le printemps intérieur correspond à la phase folliculaire ou
période pré-ovulatoire, pendant laquelle le corps produit des œstrogènes.
Les règles sont terminées. Telle la sève dans le monde
végétal, l’énergie de la femme remonte, lui accordant un regain d’endurance
physique. L’attention qu’elle portait à son monde intérieur durant les
menstruations se déplace pour se tourner vers le monde extérieur. La motivation
revient. A l’image des jours qui rallongent au printemps, les idées de la femme
se clarifient. Elle peut à nouveau se centrer sur ses objectifs et explorer de
nouveaux horizons car sa créativité mentale est au rendez-vous. C’est le
meilleur moment du cycle pour organiser, brasser des idées et faire de la
gestion de projet.
L’été intérieur
L’été intérieur correspond à la phase ovulatoire.
A l’image de la croissance et de l’abondance généreuses de
l’été, la femme expérimente un pic d’énergie. Elle a confiance en elle et la
capacité de mettre beaucoup de choses en place en collaborant et en
communiquant avec les autres. Ses aptitudes verbales sont maximales ce qui lui
confère une grande force de persuasion. Puisqu’elle est très sociable à ce
moment-là et qui plus est très patiente avec son entourage, c’est la période
idoine pour faire des relations publiques et tisser des liens de qualité.
L’automne intérieur
L’automne intérieur correspond à la phase prémenstruelle
pendant laquelle le corps produit de la progestérone et des œstrogènes.
Dans la nature, c’est le moment du retour car certaines
plantes fleurissent à nouveau et d’autres portent de nouveaux fruits. C’est
aussi la période où l’on engrange les récoltes. L’automne est par conséquent la saison du retour sur
investissement pendant laquelle on dresse le bilan. A l’image de la nature, la
femme a la capacité de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en
elle. Elle peut regarder objectivement les problèmes en face et, en plus, a la
capacité de les résoudre. Certes, elle devient un peu plus sensible et un peu
plus vulnérable mais ce n’est pas une faiblesse, juste un processus intérieur
qui lui permet l’ouverture et le discernement vers son moi plus profond.
Son attention se porte sur les détails, pas sur les grandes
lignes comme dans la première phase.
L’hiver intérieur
L’hiver intérieur est la période des saignements.
En hiver, la nature semble totalement endormie, mais sous
terre, il y a beaucoup d’activités car c’est la période de germination. A
l’image de la nature, c’est le moment pour la femme de se reposer pour d’une
part réfléchir à ce qui vient de se passer et d’autre part se préparer à la
saison suivante.
Il est opportun à cette période du cycle de se retrouver
face à soi-même et de se sonder : Qu’est-ce-que j’ai réalisé ? Qu’est-ce qui
s’est passé lors de ce dernier mois ? Qu’est-ce-que j’ai à comprendre ?
Comme la frontière entre l’hémisphère droit et l’hémisphère
gauche s’affine, la femme a, en même temps, accès à son raisonnement analytique
et à son raisonnement intuitif, ce qui lui permet de tout débusquer et
comprendre pour pouvoir consciemment lâcher-prise.
Ainsi, l’hiver intérieur permet-il le repositionnement par
rapport à soi-même : l’âme parle à la femme en sourdine pour qu’elle puisse se
recadrer et se recentrer sur son essentiel.
Pendant le temps de lune, se retrouver seule n’est pas
facile à faire dans notre société. Pourtant, c’est important pour la femme ET
pour sa famille, car les menstruations sont une période intense de purification
intérieure et extérieure sur tous les plans. Les sociétés primordiales savaient
que durant leurs temps de lune, les femmes, en se purifiant, se guérissaient
elles-mêmes et aussi assainissaient leur famille et la communauté en général.
Chez les Amérindiens, le temps des lunes était d’ailleurs
très respecté car considéré comme le temps de pouvoir de la femme qui durant
cette période a le don de la vision.
Les rêves et les visions des femmes intervenant lorsqu’elles se
retiraient dans leur Moon Lodge pendant leur période de saignement étaient
grandement révérés par tous, car on disait que les femmes rêvaient le futur des
générations suivantes.
Tout comme dans la nature, chaque saison prépare la
suivante. Le printemps et l’été sont là pour se régénérer, l’automne et l’hiver
pour faire germer les graines de la croissance intérieure. Se synchroniser avec
chacune des étapes du cycle et les vivre en conscience permet de bénéficier de
leur énergie propre et aussi d’anticiper les suivantes.
Ainsi, le glissement progressif d’une saison à l’autre
permet-il à la femme de vivre ses transformations de l’intérieur puis de les
mettre en place à l’extérieur et vice-versa. Préparer l’été en hiver, l’hiver
en été et ainsi de travailler en étroite relation avec l’énergie complémentaire
est une manière de toujours appréhender
la vie dans sa globalité.
Prioriser ses aspects solaire et lunaire au cours du cycle
menstruel
Pour éviter toute ambiguïté sur les genres, j’ai opté pour
ne pas utiliser les mots masculin et féminin en vue de décrire les aptitudes
d’action et de réception, de raison et d’intuition, de faire et d’être, de
volonté et de patience, de directionnel et de dimensionnel dont sont dotés tous
les êtres humains.
Dans le symbole du Yin et du Yang, il y a une pointe de Yin
dans le Yang et une pointe de Yang dans le Yin. Ils sont inséparables car ne
peuvent pas travailler de façon optimale l’un sans l’autre. Ils ne s’opposent
pas mais se renforcent réciproquement.
Pour pouvoir connecter et hiérarchiser les aspects solaire
et lunaire des femmes au cours de leur cycle, j’ai divisé le cycle en 2
parties. Tout d’abord, le printemps et l’été, puis l’automne et l’hiver.
Printemps et été intérieurs : Apprivoiser le Yang par le Yin
Les 2 premières saisons sont consacrées au monde extérieur,
à sa capacité d’action et à la relation aux autres. Aussi, ce que la nature
nous permet d’optimiser à ce moment-là du cycle est-il plutôt de type Yang, en
surface.
Juste avant le printemps intérieur, la femme expérimente une
période de repli sur elle-même, de vision interne, qui lui laisse une empreinte
en filigrane. Même si en apparence l’action prime durant le printemps
intérieur, l’idéal est de rester en totale disponibilité interne, en osmose
avec son intuition qui à tout moment peut donner des indications sur ce qu’on
est en train de vivre. Le conte de Vassilia dans « Femmes qui courent avec les
loups » de Clarissa Pinkola Estès est très explicite à ce sujet. Vassilia est
dans l’action mais en totale connexion avec sa petite poupée (son intuition)
qui lui indique la conduite à suivre.
L’énergie de type Yang qui, lors cette période, donne l’aptitude
de poser des actes, doit non seulement s’accompagner de cette attitude
intérieure Yin, mais aussi d’une attitude extérieure Yin. Dans l’enseignement
que j’ai reçu, on préconise à la femme d’être douce en dehors et forte en
dedans. « Soft in the front,
strong in the back ».
Le repos de l’hiver intérieur ayant procuré à la femme une
énergie nouvelle, elle est dotée d’un tonus incroyable pendant ses périodes
suivantes de printemps et d’été. Attention cependant à ne pas s’épuiser
rapidement en rayonnant de façon excessive dans l’action. C’est le moment pour
apprendre à apprécier la mesure de ses capacités.
Comme l’été intérieur offre à la femme le don de l’empathie,
il est aussi important de rester vigilante, de bien rester plantée sur son
socle et de ne pas se perdre dans l’autre : être certes au service mais pas
dans le sacrifice. Dosage savant, surtout pour les mères de famille.
La pratique de la danse du serpent, art martial égyptien,
m’a beaucoup aidé à vivre simultanément le côté réceptif de la vie, tout en
étant sur le versant actif de la vie.
Ces deux saisons sont aussi la période propice pour
appliquer deux principes de base de la sagesse amérindienne : « Ne pas se faire
chasser, mais être une chasseresse » (1) et « Marcher sa parole » (2).
Automne et hiver intérieurs : Apprivoiser le Yin par le Yang
L’automne et l’hiver intérieurs du cycle sont propices à se
tourner vers son monde intérieur. Le besoin de solitude et d’exploration de son
monde intime à partir de ce moment du cycle est de type Yin. Par contre, la
descente dans le corps pour explorer sa partie Yin est pour moi un acte Yang.
Durant ces périodes de bilan et de repositionnement interne,
certaines techniques de relaxation et de méditation yoguiques m’ont permis de
me mettre dans une attitude de totale disponibilité à moi-même, dans le silence
certes, mais de façon extrêmement alerte.
C’est le moment idéal pour se laisser inspirer par la vie,
décrypter attentivement les murmures de son âme et se mettre ensuite en route
vers de nouveaux horizons.
L’hiver intérieur est aussi le moment favorable à un travail
d’introspection besogneux, dans lequel on traque les moindres détails et où
l’on est à l’affût de tout. Les perceptions étant très aiguisées, on a la
capacité d’aller au fond des choses.
Si l’on a des conflits internes et externes, on a la
capacité de démêler le vrai du faux, de voir ce qui se passe réellement,
d’appréhender qui tente de nous manipuler ou d’avoir de l’emprise sur nous…
Opter pour une totale honnêteté avec
soi-même, pas toujours confortable il est vrai, mène vers de véritables
trésors. Car lorsque l’on déniche les ombres en soi, on peut les remplacer par
la lumière de l’amour.
La femme qui prend l’habitude de vivre ces périodes en
conscience n’est plus dupe sur grand-chose car elle sait aller regarder au plus
profond d’elle-même. Elle apprend à ne rien se laisser passer mais à tout se
pardonner, s’exerce aussi à ne rien passer aux autres mais à tout leur
pardonner et discerne la part de responsabilité qui lui appartient dans ce qui
arrive.
La spiritualité andine symbolise ce travail en trois étapes
à travers trois animaux mythiques.
Par notre propre intuition et grâce à l’aide de la sagesse
du Serpent, qui nous relie à notre monde intérieur, nous pouvons observer ce
qui se passe véritablement.
On peut alors se connecter à la force du Puma qui nous aide
à faire le saut vers le cœur, nous relie à notre connaissance et à la force
acquise par l’expérience et nous fait comprendre ce qui se passe.
Ensuite, grâce au pouvoir du Condor, à sa hauteur de vue, on
arrive à opter pour une attitude qui va être constructive pour soi et pour les
autres. On ne change pas le monde autour de soi mais sa façon de l’appréhender.
Ainsi, l’initiation de la femme est-elle, par essence, très
différente de celle de l’homme.
Elle peut s’appuyer sur le cycle menstruel, phare qui
éclaire le chemin d’auto-connaissance, lui indique là où elle en est et lui
donne des directions de vie. Et surtout, le cycle avec les hauts et les bas
qu’il lui fait traverser l’aide à se souvenir que cette voie est une quête et
non une conquête.
Pour conclure…
La sagesse populaire dit : « Connais-toi toi-même et tu
connaitras l’univers ». En effet, prendre le temps de se rencontrer
objectivement, d’affronter ses peurs et ses ombres confère aux personnes qui
suivent cette démarche, une perception très affinée d’elles-mêmes, des autres
et des situations.
Le rôle de la femme, qui est souvent « l’agent nettoyant »
de la famille, n’est pas toujours un rôle agréable. En faisant front, elle est
souvent crainte par l’homme qui a peur de cette furie féminine occasionnelle,
qui défie son côté immature et lui renvoie la peur que lui-même a de ses
propres émotions.
Sans doute est-ce pour cela que les Amérindiens disent que
vivre avec une femme qui travaille sur son cycle est en soi initiatique pour
l’homme.
J’estime que s’arrêter, prendre le temps de se placer dans
son ressenti et d’observer ce qu’il y a à comprendre en soi est à l’heure
actuelle un acte de résistance.
D’autant plus que l’on réduit souvent le côté Yang aux
réalisations tangibles, car la société reconnait beaucoup plus la réussite
sociale que le travail sur soi qui ne se voit pas à l’œil nu, sauf bien sûr par
les personnes qui ont elles-mêmes entrepris cette démarche.
Aujourd’hui, beaucoup de femmes poussées par cette énergie
sacrée de type Yang souhaitent se réapproprier le savoir par la voie féminine,
en apprenant auprès de femmes qui ont fait un travail intérieur et transmettent
les enseignements traditionnels liés au féminin sacré, en ayant une
contraception naturelle, en comprenant le sens de leur cycle menstruel, en
allant à des cercles de femmes, en accouchant naturellement, en s’occupant de
leurs enfants en bas âge…
En suivant consciemment cette voie féminine, les femmes
poussent la porte de la ménopause en ayant compris et intégré toutes ces
expériences de vie. Chez les Amérindiens, la femme qui garde son sang, appelée grand-mère même si elle
n’a pas forcément de petits enfants, est une femme sage et respectée qui porte
en elle toutes les saisons de la vie. On la consulte car elle peut, à tout
moment, se relier à toutes les aptitudes conférées par ces saisons et ainsi
aider et se mettre au service des générations futures.
Pour terminer sur le rôle essentiel de la femme dans
l’évolution du monde grâce à ce travail alchimique Yin-Yang à l’intérieur et à
l’extérieur d’elle-même, j’ai envie de citer Vinh Luu, maître taoïste, qui
répétait inlassablement : « Un homme averti en vaut 2, une femme avertie en
vaut 4 ».