vendredi 16 février 2024

"Un pouvoir vous habite que vous ne connaissez pas;

Vous êtes le vaisseau d'une étincelle emprisonnée

Qui cherche à se dégager des enveloppements du Temps,

Et si vous la retenez, c'est au prix de la souffrance:

La joie est la couronne du Divin, éternel et libre,

Que n'alourdit l'aveugle mystère des peines de la vie:

La douleur est la signature de l'Ignorance 

Témoignant du dieu secret que la vie renie:

La souffrance ne peut cesser qu'au moment de sa découverte.

La victoire de l'être qui surmonte le destin est calme et sereine.

Endurez; vous trouverez finalement le chemin vers la joie.

La joie est la substance secrète de tout ce qui vit."


Sri Aurobindo - Savitri, Livre VI, Chant 2

mardi 14 novembre 2023

Le couvercle du mental

 LE COUVERCLE DU MENTAL

« La conscience en nous a placé un couvercle, un écran - appelez cela comme vous voulez - entre les plans inférieurs du mental, de la vie, du corps soutenus par le psychique, et les plans supérieurs qui contiennent les royaumes spirituels où le moi est toujours libre et sans limite, et elle peut briser ou ouvrir le couvercle, l'écran, monter dans ces plans supérieurs et devenir le Moi libre, vaste et lumineux, ou faire descendre l'influence, le reflet et finalement même la présence et le pouvoir de la conscience supérieure dans la nature inférieure. » Sri Aurobindo, Lettres sur le yoga

« La transformation supramentale ne pourra venir que lorsque le couvercle entre les hémisphères inférieur et supérieur de l’existence sera retiré et que le supramental, et non le surmental, deviendra le pouvoir directeur de l’existence.» Sri Aurobindo, Lettres sur le Yoga

198.— La Vastitude est un signe que la conscience 

s'étend au-delà de sa limite habituelle. La blancheur de la 

Vastitude signifie que c'est la conscience pure qu'on ressent, à  moins que ce ne soit une lumière blanche ou une lueur  lumineuse qui indique que là se trouve la conscience de la  Mère ou quelque influence en provenant. La barrière subtile que vous avez sentie doit avoir été la même chose qui empêche votre montée à partir du cœur et de là votre  

ascension dans les régions au-dessus. Il y a toujours là une sorte de couvercle et c'est seulement lorsque celui- ci s'ouvre ou disparaît qu'on peut librement monter au- dessus. On peut avoir conscience d'une «Vastitude qu'on ne voit pas », mais on ne s'y trouve pas tant que cela n'est pas fait. » Sri Aurobindo, Expériences psychiques dans le  Yoga

Puis vint le brusque miracle transcendant:

La Grandeur masquée, immaculée, pouvait ébaucher

Dans l’occulte matrice de la vie en travail

Son rêve grandiose des choses à venir.

Clef de voûte de l’architecture des mondes,

Un mystère du mariage de la Terre et du Ciel

Annexait la divinité à la composition mortelle.

Un Voyant était né, un Hôte ensoleillé du Temps.

Le firmament fermé du mental n’existait plus pour lui là-haut.

Dans la façade mythique de la Nuit et du Jour,

Un trou déchirait la voûte qui cache tout,

Les extrémités conscientes de l’être s’en allaient rouler derrière:

Les bornes de la petite personne tombaient,

L’île-ego rejoignait son continent.

Outrepassé, ce monde de formes emprisonnantes et rigides,

Les barrières de la Vie s’ouvraient sur l’Inconnu.

Abolies, les conventions du concevable,

Rayée, la clause rigoureuse de l’asservissement

Annulé, le pacte de l’âme avec la nescience de la Nature.

Les interdictions grises, toutes, étaient jetées par terre,

Brisé, le dur couvercle chatoyant de l’intellect;

La Vérité sans division trouvait son immensité de ciel;

Une vision empyréenne voyait, savait;

Le mental emmuré devenait lumière illimitée,

Le moi fini s’appariait à l’Infini.

Sa marche, maintenant, prenait des ailes d’aigle.

Sorti de son apprentissage de l’Ignorance,

La Sagesse l’élevait à son métier majeur

Et de lui, faisait un maître maçon de l’âme

Un bâtissseur de la maison secrète de l’Immortel

Un aspirant au suprême Temps-Indivisible:

La liberté et la souveraineté l’appelaient d’en haut;

Au-dessus de la pénombre mentale,

Par-delà cette nuit de la vie qui navigue à l’étoile,

Rayonnait l’aurore d’un jour spirituel.

À mesure qu’il grandissait ainsi en son moi plus vaste,

L’humanité dictait de moins en moins ses mouvements,

Un être plus grand voyait un monde plus grand.

Une intrépide volonté de connaissance osait nier

Les lignes de sécurité que trace la raison,

Les barreaux qui empêchent

L’essor du mental, la plongée de l’âme dans l’Infini.

Même ses premiers pas brisaient nos petites bornes terrestres

Et vagabondaient dans un air plus ample, plus libre.

Dans ses mains, soutenues par une Énergie transfiguratrice,

Il empoignait légèrement, tel un arc de géant

Laissé à l’abandon dans une caverne secrète et scellée,

Les pouvoirs qui dorment, inutilisés, dans l’homme intérieur.

Savitri, Livre Un: Le livre des commencements

Chant Trois: Le Yoga du Roi: Le yoga de la délivrance de l’âme

vendredi 13 juillet 2018

Les trois victoires

La première victoire est de créer une individualité. Et puis après, la seconde victoire, c’est de donner cette individualité au Divin. Et la troisième victoire, c’est que le Divin change notre individualité en un être divin.
Il y a 3 étapes : la première c’est de devenir un individu ; la seconde c’est de consacrer l’individu et qu’il se soumette entièrement au Divin pour s’identifier à Lui ; et la troisième c’est que le Divin s’empare de cet individu et le change en un être à Sa propre image, c’est à dire qu’il devienne divin aussi.
Généralement, tous les yogas s’arrêtaient à la seconde. Quand on était arrivé à soumettre l’individu et à le donner sans réserve au Divin pour s’identifier à Lui, on considérait que son travail était fini, que tout était accompli. Mais nous, nous commençons là, et nous disons : « Non, c’est seulement un commencement. Nous voulons que ce Divin auquel nous nous sommes identifiés, entre dans notre individualité et en fasse une personnalité divine agissant dans un monde divin. Et ça, c’est ce que nous appelons la transformation. Mais l’autre la précède, doit précéder. Si ce n’est pas fait, il n’ y a pas de possibilité de faire la troisième. On ne peut passer de la première à la troisième ; il faut passer à travers la seconde.

La Mère
L’Oeuvre divine
La voie ensoleillée.

mercredi 23 mai 2018

L'être psychique

L'Etre Psychique

C'est la découverte de notre être intérieur profond, de notre être psychique, qui donne un sens à notre vie, nous dit la Mère. Avant, nous vivons dans les méandres sans fin et sans issue du mental qui tâtonne dans la pénombre de sa demi-connaissance.
Après, tout a un sens, tout s'explique et trouve sa place dans la totalité de l'existence. Car l'âme voit directement, intuitivement, la vérité des êtres et des choses.

Ces textes de Sri Aurobindo et de la Mère nous disent comment cette Transformation psychique peut s'effectuer, quelles sont les conditions et les conséquences sur les divers plans de l'être et dans tous les domaines de la vie.

Postface au livre : 
L'Etre Psychique.
Nature, Mission et Evolution de l'Âme.
Edition Adi Shakti

PS: Pour ceux et celles qui ne sont pas familiarisés avec le langage de Sri Aurobindo, lorsqu'il parle du psychique il ne s'agit pas d'un état plus subtil du mental comme on a coutume de nommer ce qui est de nature psychique.
Il s'agit de l'étincelle, neutre, doux, silencieux et calme, du feu du Divin en le profond en arrière du cœur, qui, lorsque s'individualisant, donne vie, peu à peu, à un être psychique, une Âme de la nature du Divin, en le profond en arrière du cœur...
Ce qui principalement empêche ce feu Divin de passer en avant c'est l'aspect vital émotif personnel, son sentir et ses sentiments, ses exaltations et excitations, ses émotivités bruyantes et démonstratives, ses illusions d'intuitions, ses certitudes et convictions illusoires, dans le cœur, ce dont Sri Aurobindo désigne comme la fausse Âme et que plus souvent qu'autre chose on confond avec l'Âme véritable ...

dimanche 11 octobre 2015

La promesse d'un nouveau monde

On peut être profondément dégoûté de ce qui est et vouloir avec ardeur sortir de tout cela et atteindre quelque chose d'autre; on peut - et c'est un moyen plus positif - , on peut sentir au dedans de soi le contact, l'approche de quelque chose de positivement beau et vrai, et laisser tomber tout le reste volontairement pour que rien n'alourdisse la marche vers cette beauté et cette vérité nouvelles
Sri Aurobindo

samedi 5 septembre 2015

Les aspects solaires et lunaires du cycle menstruel


Par Maitie dans Etre femme
13 mai 2014

« L’essence du Yang est Yin
L’essence de l’eau est le feu
L’énergie du feu est alimentée par l’eau
L’essence du mâle est femelle
L’essence du soleil est la lune
Le soleil obtient sa lumière de la lune
L’âme de la lune est dans le soleil »
(Extrait traduit du Tiger-Dragon Classic)

l’âme parle à la femme en sourdine pour qu’elle puisse se recadrer et se recentrer sur son essentiel

Le cycle menstruel est un don extraordinaire de la nature fait à la femme. En effet, c’est un outil idéal pour ressentir et faire travailler à l’unisson ces 2 dynamiques en soi et autour de soi. Lorsqu’elles ont été bien identifiées en amont, le cycle devient alors un merveilleux modèle d’évolution, une boussole directionnelle et dimensionnelle.
Après une description des 4 phases du cycle, j’exposerai comment on peut prioriser son aspect solaire (ce que certains appellent la partie masculine et active de l’être) et son aspect lunaire (la partie féminine et réceptive) selon les phases.

Les 4 saisons intérieures du cycle menstruel

La plupart des cycles naturels se révèlent par 4 manifestations universelles. Les 4 saisons correspondent à l’inclinaison de l’axe des pôles combinée à la révolution de la terre autour du soleil au cours de l’année. Les 4 orients, eux, sont créés par la rotation de la terre autour de son propre axe et autour du soleil durant la journée.

Le soleil vu de la terre a une forme immuable. La forme de la lune, elle, évolue constamment et se manifeste sous 4 phases bien distinctes au cours d’une lunaison : nouvelle lune, lune croissante, pleine lune et lune décroissante qui sont dues à la position de la lune par rapport au soleil. Les phases lunaires sont d’ailleurs à l’origine de la longueur de la semaine et du mois.
Ainsi, l’Astre-Roi crée-t-il les 4 directions et les 4 saisons et son interaction avec la Lune le temps sur Terre.

L’impact du Soleil et de la Lune

Ces deux astres ou luminaires leur paraissant être l’un comme l’autre à la même distance de la Terre, les Anciens s’en servirent comme marqueur, l’un pour le jour, l’autre pour la nuit.

La longueur du cycle menstruel est calquée sur le cycle lunaire et les femmes étant constituées d’environ 15% de plus d’eau que les hommes, elles sont par conséquence plus sensibles à la lune. Sans doute est-ce pour ces deux raisons que la plupart des traditions ont identifié la femme à l’astre de nuit et par symétrie, l’homme à l’astre du jour. Et la nuit est destinée au monde du rêve, le jour au monde de l’action.

Les énergies lunaire et solaire étant non opposées, mais complémentaires, j’ai trouvé intéressant de décrire le cycle menstruel, lunaire par essence, en le divisant en 4 saisons, qui elles sont solaires par nature. Les voici :

Le printemps intérieur
 Le printemps intérieur correspond à la phase folliculaire ou période pré-ovulatoire, pendant laquelle le corps produit des œstrogènes.
Les règles sont terminées. Telle la sève dans le monde végétal, l’énergie de la femme remonte, lui accordant un regain d’endurance physique. L’attention qu’elle portait à son monde intérieur durant les menstruations se déplace pour se tourner vers le monde extérieur. La motivation revient. A l’image des jours qui rallongent au printemps, les idées de la femme se clarifient. Elle peut à nouveau se centrer sur ses objectifs et explorer de nouveaux horizons car sa créativité mentale est au rendez-vous. C’est le meilleur moment du cycle pour organiser, brasser des idées et faire de la gestion de projet.

L’été intérieur
 L’été intérieur correspond à la phase ovulatoire.
A l’image de la croissance et de l’abondance généreuses de l’été, la femme expérimente un pic d’énergie. Elle a confiance en elle et la capacité de mettre beaucoup de choses en place en collaborant et en communiquant avec les autres. Ses aptitudes verbales sont maximales ce qui lui confère une grande force de persuasion. Puisqu’elle est très sociable à ce moment-là et qui plus est très patiente avec son entourage, c’est la période idoine pour faire des relations publiques et tisser des liens de qualité.

L’automne intérieur
 L’automne intérieur correspond à la phase prémenstruelle pendant laquelle le corps produit de la progestérone et des œstrogènes.
Dans la nature, c’est le moment du retour car certaines plantes fleurissent à nouveau et d’autres portent de nouveaux fruits. C’est aussi la période où l’on engrange les récoltes. L’automne est  par conséquent la saison du retour sur investissement pendant laquelle on dresse le bilan. A l’image de la nature, la femme a la capacité de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en elle. Elle peut regarder objectivement les problèmes en face et, en plus, a la capacité de les résoudre. Certes, elle devient un peu plus sensible et un peu plus vulnérable mais ce n’est pas une faiblesse, juste un processus intérieur qui lui permet l’ouverture et le discernement vers son moi plus profond.
Son attention se porte sur les détails, pas sur les grandes lignes comme dans la première phase.

L’hiver intérieur
 L’hiver intérieur est la période des saignements.
En hiver, la nature semble totalement endormie, mais sous terre, il y a beaucoup d’activités car c’est la période de germination. A l’image de la nature, c’est le moment pour la femme de se reposer pour d’une part réfléchir à ce qui vient de se passer et d’autre part se préparer à la saison suivante.
Il est opportun à cette période du cycle de se retrouver face à soi-même et de se sonder : Qu’est-ce-que j’ai réalisé ? Qu’est-ce qui s’est passé lors de ce dernier mois ? Qu’est-ce-que j’ai à comprendre ?
Comme la frontière entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche s’affine, la femme a, en même temps, accès à son raisonnement analytique et à son raisonnement intuitif, ce qui lui permet de tout débusquer et comprendre pour pouvoir consciemment lâcher-prise.
Ainsi, l’hiver intérieur permet-il le repositionnement par rapport à soi-même : l’âme parle à la femme en sourdine pour qu’elle puisse se recadrer et se recentrer sur son essentiel.

Pendant le temps de lune, se retrouver seule n’est pas facile à faire dans notre société. Pourtant, c’est important pour la femme ET pour sa famille, car les menstruations sont une période intense de purification intérieure et extérieure sur tous les plans. Les sociétés primordiales savaient que durant leurs temps de lune, les femmes, en se purifiant, se guérissaient elles-mêmes et aussi assainissaient leur famille et la communauté en général.
Chez les Amérindiens, le temps des lunes était d’ailleurs très respecté car considéré comme le temps de pouvoir de la femme qui durant cette période a le don de la vision.  Les rêves et les visions des femmes intervenant lorsqu’elles se retiraient dans leur Moon Lodge pendant leur période de saignement étaient grandement révérés par tous, car on disait que les femmes rêvaient le futur des générations suivantes.
Tout comme dans la nature, chaque saison prépare la suivante. Le printemps et l’été sont là pour se régénérer, l’automne et l’hiver pour faire germer les graines de la croissance intérieure. Se synchroniser avec chacune des étapes du cycle et les vivre en conscience permet de bénéficier de leur énergie propre et aussi d’anticiper les suivantes.
Ainsi, le glissement progressif d’une saison à l’autre permet-il à la femme de vivre ses transformations de l’intérieur puis de les mettre en place à l’extérieur et vice-versa. Préparer l’été en hiver, l’hiver en été et ainsi de travailler en étroite relation avec l’énergie complémentaire est  une manière de toujours appréhender la vie dans sa globalité.

Prioriser ses aspects solaire et lunaire au cours du cycle menstruel

Pour éviter toute ambiguïté sur les genres, j’ai opté pour ne pas utiliser les mots masculin et féminin en vue de décrire les aptitudes d’action et de réception, de raison et d’intuition, de faire et d’être, de volonté et de patience, de directionnel et de dimensionnel dont sont dotés tous les êtres humains.
Dans le symbole du Yin et du Yang, il y a une pointe de Yin dans le Yang et une pointe de Yang dans le Yin. Ils sont inséparables car ne peuvent pas travailler de façon optimale l’un sans l’autre. Ils ne s’opposent pas mais se renforcent réciproquement.

Pour pouvoir connecter et hiérarchiser les aspects solaire et lunaire des femmes au cours de leur cycle, j’ai divisé le cycle en 2 parties. Tout d’abord, le printemps et l’été, puis l’automne et l’hiver.

Printemps et été intérieurs : Apprivoiser le Yang par le Yin
 Les 2 premières saisons sont consacrées au monde extérieur, à sa capacité d’action et à la relation aux autres. Aussi, ce que la nature nous permet d’optimiser à ce moment-là du cycle est-il plutôt de type Yang, en surface.
Juste avant le printemps intérieur, la femme expérimente une période de repli sur elle-même, de vision interne, qui lui laisse une empreinte en filigrane. Même si en apparence l’action prime durant le printemps intérieur, l’idéal est de rester en totale disponibilité interne, en osmose avec son intuition qui à tout moment peut donner des indications sur ce qu’on est en train de vivre. Le conte de Vassilia dans « Femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estès est très explicite à ce sujet. Vassilia est dans l’action mais en totale connexion avec sa petite poupée (son intuition) qui lui indique la conduite à suivre.

L’énergie de type Yang qui, lors cette période, donne l’aptitude de poser des actes, doit non seulement s’accompagner de cette attitude intérieure Yin, mais aussi d’une attitude extérieure Yin. Dans l’enseignement que j’ai reçu, on préconise à la femme d’être douce en dehors et forte en dedans. « Soft in the front, strong in the back ».
Le repos de l’hiver intérieur ayant procuré à la femme une énergie nouvelle, elle est dotée d’un tonus incroyable pendant ses périodes suivantes de printemps et d’été. Attention cependant à ne pas s’épuiser rapidement en rayonnant de façon excessive dans l’action. C’est le moment pour apprendre à apprécier la mesure de ses capacités.
Comme l’été intérieur offre à la femme le don de l’empathie, il est aussi important de rester vigilante, de bien rester plantée sur son socle et de ne pas se perdre dans l’autre : être certes au service mais pas dans le sacrifice. Dosage savant, surtout pour les mères de famille.
La pratique de la danse du serpent, art martial égyptien, m’a beaucoup aidé à vivre simultanément le côté réceptif de la vie, tout en étant sur le versant actif de la vie.
Ces deux saisons sont aussi la période propice pour appliquer deux principes de base de la sagesse amérindienne : « Ne pas se faire chasser, mais être une chasseresse » (1) et « Marcher sa parole » (2).

Automne et hiver intérieurs : Apprivoiser le Yin par le Yang
 L’automne et l’hiver intérieurs du cycle sont propices à se tourner vers son monde intérieur. Le besoin de solitude et d’exploration de son monde intime à partir de ce moment du cycle est de type Yin. Par contre, la descente dans le corps pour explorer sa partie Yin est pour moi un acte Yang.
Durant ces périodes de bilan et de repositionnement interne, certaines techniques de relaxation et de méditation yoguiques m’ont permis de me mettre dans une attitude de totale disponibilité à moi-même, dans le silence certes, mais de façon extrêmement alerte.
C’est le moment idéal pour se laisser inspirer par la vie, décrypter attentivement les murmures de son âme et se mettre ensuite en route vers de nouveaux horizons.
L’hiver intérieur est aussi le moment favorable à un travail d’introspection besogneux, dans lequel on traque les moindres détails et où l’on est à l’affût de tout. Les perceptions étant très aiguisées, on a la capacité d’aller au fond des choses.
Si l’on a des conflits internes et externes, on a la capacité de démêler le vrai du faux, de voir ce qui se passe réellement, d’appréhender qui tente de nous manipuler ou d’avoir de l’emprise sur nous… Opter pour une  totale honnêteté avec soi-même, pas toujours confortable il est vrai, mène vers de véritables trésors. Car lorsque l’on déniche les ombres en soi, on peut les remplacer par la lumière de l’amour.
La femme qui prend l’habitude de vivre ces périodes en conscience n’est plus dupe sur grand-chose car elle sait aller regarder au plus profond d’elle-même. Elle apprend à ne rien se laisser passer mais à tout se pardonner, s’exerce aussi à ne rien passer aux autres mais à tout leur pardonner et discerne la part de responsabilité qui lui appartient dans ce qui arrive.

La spiritualité andine symbolise ce travail en trois étapes à travers trois animaux mythiques.
Par notre propre intuition et grâce à l’aide de la sagesse du Serpent, qui nous relie à notre monde intérieur, nous pouvons observer ce qui se passe véritablement.
On peut alors se connecter à la force du Puma qui nous aide à faire le saut vers le cœur, nous relie à notre connaissance et à la force acquise par l’expérience et nous fait comprendre ce qui se passe.
Ensuite, grâce au pouvoir du Condor, à sa hauteur de vue, on arrive à opter pour une attitude qui va être constructive pour soi et pour les autres. On ne change pas le monde autour de soi mais sa façon de l’appréhender.

Ainsi, l’initiation de la femme est-elle, par essence, très différente de celle de l’homme.
Elle peut s’appuyer sur le cycle menstruel, phare qui éclaire le chemin d’auto-connaissance, lui indique là où elle en est et lui donne des directions de vie. Et surtout, le cycle avec les hauts et les bas qu’il lui fait traverser l’aide à se souvenir que cette voie est une quête et non une conquête.

Pour conclure…

La sagesse populaire dit : « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers ». En effet, prendre le temps de se rencontrer objectivement, d’affronter ses peurs et ses ombres confère aux personnes qui suivent cette démarche, une perception très affinée d’elles-mêmes, des autres et des situations.
Le rôle de la femme, qui est souvent « l’agent nettoyant » de la famille, n’est pas toujours un rôle agréable. En faisant front, elle est souvent crainte par l’homme qui a peur de cette furie féminine occasionnelle, qui défie son côté immature et lui renvoie la peur que lui-même a de ses propres émotions.
Sans doute est-ce pour cela que les Amérindiens disent que vivre avec une femme qui travaille sur son cycle est en soi initiatique pour l’homme.
J’estime que s’arrêter, prendre le temps de se placer dans son ressenti et d’observer ce qu’il y a à comprendre en soi est à l’heure actuelle un acte de résistance.
D’autant plus que l’on réduit souvent le côté Yang aux réalisations tangibles, car la société reconnait beaucoup plus la réussite sociale que le travail sur soi qui ne se voit pas à l’œil nu, sauf bien sûr par les personnes qui ont elles-mêmes entrepris cette démarche.
Aujourd’hui, beaucoup de femmes poussées par cette énergie sacrée de type Yang souhaitent se réapproprier le savoir par la voie féminine, en apprenant auprès de femmes qui ont fait un travail intérieur et transmettent les enseignements traditionnels liés au féminin sacré, en ayant une contraception naturelle, en comprenant le sens de leur cycle menstruel, en allant à des cercles de femmes, en accouchant naturellement, en s’occupant de leurs enfants en bas âge…
En suivant consciemment cette voie féminine, les femmes poussent la porte de la ménopause en ayant compris et intégré toutes ces expériences de vie. Chez les Amérindiens, la femme qui garde  son sang, appelée grand-mère même si elle n’a pas forcément de petits enfants, est une femme sage et respectée qui porte en elle toutes les saisons de la vie. On la consulte car elle peut, à tout moment, se relier à toutes les aptitudes conférées par ces saisons et ainsi aider et se mettre au service des générations futures.

Pour terminer sur le rôle essentiel de la femme dans l’évolution du monde grâce à ce travail alchimique Yin-Yang à l’intérieur et à l’extérieur d’elle-même, j’ai envie de citer Vinh Luu, maître taoïste, qui répétait inlassablement : « Un homme averti en vaut 2, une femme avertie en vaut 4 ».